Canton de Cany-Barville.
L’origine de Crasville serait antérieure au XIème siècle. On trouve des traces de son histoire la plus ancienne au travers d’actes administratifs et de quelques ouvrages du XVIII et XIXème siècle se basant sur des textes du moyen-âge.
Quant à son histoire la plus récente, elle émane du souvenir des anciens. Ainsi, Crasville ne devient La Mallet qu’au XIIIème siècle, quand les Malet de Graville furent propriétaires de cette terre. Mallet étant un surnom dont la signification reste encore obscure. Rien ne dit qu’un seigneur de ce nom n’y ait vécu. C’était une terre paysanne avec ses manoirs seigneuriaux où l’élevage et la culture du blé était prédominante. Avant cela, Crasville (Crasvilla) est mentionné comme faisant partie du pagus de Talou, comté apparut au VIIème siècle dans ce qui était la Neustrie après l’invasion de la Gaule romaine par les Francs.
Entre 1370 et 1789, comme d’autres paroisses de la sergenterie de Cany, Crasville sera échangée, vendue, héritée, envahie par les Anglais, soumise aux différents droits et rentes. Furent associés à ces tractations de nombreux personnages comme des rois, des ducs et duchesses, un chevalier anglais et bien d’autres. Parmi quelques noms, il y eut Charles V, les Ducs d’Alençon et du Perche, la princesse douairière de Condé Françoise D’Orléans-Longueville, le gentilhomme Sieur de Crasville-Miffant relevant de la baronnie et haute justice de Cany, vavasseur noble en 1678. Jusqu’à sa mort, en 1789, Anne-Louis-Roger de Becdelièvre, seigneur de Cany et d’Hocqueville fut propriétaire de la seigneurie de Crasville-La-Mallet avant qu’elle ne soit héritée par une de ces filles. L’église actuelle construite en partie au XVIème siècle est probablement le plus vieux bâtiment du village. La révolution de 1789 étant passée par là, l’école de clercs mentionnée dans un ouvrage ainsi que les maisons seigneuriales ont complètement disparu. Seules restent quelques granges ou longères. Les plus vieilles bâtisses telles que celle regroupant les écoles communales aujourd’hui salle des fêtes, datent du XVIIIème ou XIXème siècle.
Si en 2017, la population s’élève autour des 150 habitants, il y en eu plus de 400 vers 1860. Il n’est pas rare de voir des familles composées de 10 enfants ou plus. La commune participe alors à des actes de bienfaisances pour différend type de population dont les vieillards, les femmes en couche ou les familles nombreuses. Parmi d’autres actions, elle offre du pain ou des chaussures pour les écoliers. La culture s’est diversifiée. On fauche le blé à l’aide de faux, on arrache le lin et les betteraves à la main. C’est encore le cas jusque dans les années 50. Il y a de nombreux vergers et chacun cultive son potager. Il y a au moins deux fours à pain. C’est à Crasville que la première machine agricole à retourner le lin dans les champs fut inventée. Pendant la deuxième guerre mondiale (1939-1945), Crasville fut occupé par les Allemands. Des crasvillais furent réquisitionnés pour construire des monticules de terre destinés aux batteries d’artilleries allemandes. Une bombe tomba dans la plaine et explosa créant un cratère. Dans cette période, l’actuelle mairie qui fut un presbytère devint une école de fille jusqu’en 1948, date de sa fermeture. D’ordinaire, il y avait trois classes mixtes qui se tenait à l’école communale construite vers 1882 puis fermée en 1974.
Cette dernière était alors annexée à la mairie. Bien que l’eau courante ait fait son apparition en 1880, Crasville n’en bénéficia qu’en 1961 sur le domaine public suite à la création du syndicat des eaux. Un robinet fut installé rue de l’église devant une des deux épiceries existantes. Un point d’eau où les habitants du village pouvaient se ravitailler moyennant finance. Avant cela, pour ceux qui en possédaient, il fallait tirer l’eau du puit ou d’une citerne creusée à même le sol pour récupérer les eaux de pluie. Ceux qui en étaient dépourvus, allaient puiser l’eau dans la mare communale. Non potable, elle devait être bouillie avant utilisation.